Le Gabon vient de solder une dette de 15 milliards de FCFA auprès de la société écossaise Aggreko, à l’origine d’une interruption massive de l’alimentation électrique qui a plongé la capitale gabonaise, Libreville, dans le noir durant quatre jours. Selon des sources bien informées, le paiement a été effectué en deux tranches distinctes via la Banque privée BGFIBank. La première tranche a été virée mardi dernier, tandis que la seconde a été finalisée ce vendredi. Règlement de 15 milliards FCFA.
En début d’après-midi ce vendredi, une source proche d’Aggreko avait confirmé la réception d’un premier versement de 11 millions d’euros, mais doutait encore de l’arrivée de la seconde tranche. Cette même source soupçonnait la Société d’Énergie et d’Eau du Gabon (SEEG) de prolonger délibérément le black-out malgré les efforts pour régler la dette en totalité. Lire Plus !
Cependant, une source proche de la SEEG a confirmé que le second versement a bien été réalisé en fin d’après-midi, honorant ainsi les engagements financiers du Gabon envers Aggreko. « La partie gabonaise a tenu parole. Le calvaire des Librevilleois devrait prendre fin dans les prochains mois », a déclaré un intervenant ayant participé à la transaction.
Aggreko, fondée en 1972 à Glasgow, en Écosse, est un acteur mondial de l’énergie mobile et modulaire, spécialisé dans les équipements de contrôle de température et les services énergétiques. Présente au Gabon depuis 2023, l’entreprise fournit des groupes électrogènes fonctionnant au gasoil.
En parallèle, Libreville a récemment annoncé l’arrivée prochaine de bateaux turcs capables de produire de l’électricité depuis le large et de l’injecter directement dans le réseau de la capitale. Selon une source indépendante, l’imminente concurrence turque pourrait être à l’origine de la querelle entre Aggreko et la SEEG, poussant l’entreprise écossaise à exiger le paiement intégral de sa dette avant l’entrée en scène de ses potentiels rivaux.
Une source proche d’Aggreko a laissé entendre que le contrat avec les opérateurs turcs pourrait bien être le prochain scandale à secouer la SEEG. « La solution turque serait certes plus coûteuse, mais elle offrirait plus d’avantages au Gabon », a confié une source consultée par Gabonactu.com.
Face à cette situation de plus en plus complexe, le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, exaspéré par les délestages répétés à Libreville, a ordonné ce vendredi un audit complet de la SEEG. Cet audit pourrait également passer au crible les contrats successifs signés entre Aggreko et la SEEG depuis 2023. Une source interne a qualifié cette initiative d’une possible « ouverture du ventre de la civette », évoquant ainsi la perspective de révélations embarrassantes pour l’ensemble du secteur énergétique du pays.
Avec cette opération de règlement de la dette, les regards se tournent désormais vers l’avenir énergétique du Gabon, alors que le pays se prépare à affronter de nouveaux défis avec l’arrivée des opérateurs turcs.
Les enjeux futurs de l’énergie au Gabon : entre défis et opportunités
Alors que le Gabon parvient à solder sa dette envers Aggreko, mettant ainsi fin à une crise énergétique qui a paralysé la capitale pendant plusieurs jours, l’avenir du secteur de l’énergie dans le pays s’annonce incertain, mais plein de défis. L’arrivée imminente des opérateurs turcs pour renforcer la production électrique marque un tournant dans la stratégie énergétique du pays, mais suscite également de nombreuses interrogations.
L’impact des solutions turques sur le marché énergétique gabonais
Les bateaux turcs, annoncés comme une alternative capable de fournir de l’électricité depuis le large, représentent une innovation technologique intéressante. Cette solution pourrait potentiellement résoudre les problèmes de production d’électricité de manière plus stable et efficace. Cependant, des voix s’élèvent déjà pour dénoncer le coût élevé de cette nouvelle approche. « La solution turque serait plus chère, mais offrirait des avantages stratégiques significatifs au Gabon », admet une source proche des négociations.
L’introduction de ces nouveaux acteurs étrangers risque de bouleverser le paysage énergétique gabonais, en particulier pour des entreprises comme Aggreko, qui ont investi récemment dans le pays. Si cette concurrence promet de stimuler des améliorations en termes de fiabilité et de coût de l’électricité, elle soulève aussi des questions sur la gestion des contrats et l’équité des opportunités offertes aux différents partenaires.
L’audit de la SEEG : une opération à hauts risques
L’audit ordonné par le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, s’inscrit dans une volonté de transparence et de remise en ordre du secteur de l’énergie. Les contrats passés entre la SEEG et ses partenaires, notamment Aggreko, seront passés au crible, avec l’objectif de détecter d’éventuelles irrégularités ou surévaluations qui auraient pu contribuer aux problèmes actuels.
Toutefois, cette opération d’audit est perçue par certains observateurs comme une véritable boîte de Pandore. « L’ouverture du ventre de la civette » évoquée par un cadre de la SEEG met en lumière le risque de révélations qui pourraient éclabousser plusieurs acteurs du secteur, voire exposer des pratiques douteuses ayant prévalu dans la gestion des contrats énergétiques. Si des irrégularités majeures sont découvertes, cela pourrait provoquer une refonte radicale de la politique énergétique gabonaise et entraîner des changements significatifs au sein des organes dirigeants de la SEEG.
Vers une refonte de la stratégie énergétique nationale
Avec la conclusion du paiement de la dette à Aggreko, le Gabon se trouve à un carrefour stratégique en matière d’énergie. Le gouvernement est maintenant confronté à la nécessité de repenser son approche pour garantir une production électrique stable, durable, et accessible pour tous. L’arrivée des opérateurs turcs pourrait jouer un rôle crucial dans cette transformation, à condition que les coûts soient maîtrisés et que les avantages soient partagés équitablement.
Le défi pour le Gabon sera de trouver un équilibre entre innovation, diversification des sources d’énergie, et transparence dans la gestion des contrats. L’audit de la SEEG pourrait, en ce sens, servir de point de départ pour une restructuration en profondeur du secteur. Cependant, les résultats de cet audit seront déterminants pour évaluer l’ampleur des réformes nécessaires.
En somme, le règlement de la dette à Aggreko marque la fin d’un chapitre tumultueux, mais l’ouverture d’un nouveau chapitre plein d’incertitudes pour le secteur énergétique du Gabon. La manière dont les autorités géreront cette transition pourrait bien façonner l’avenir énergétique du pays pour les décennies à venir. Bonus Plus !
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