Hommage à Charles N’Tchoréré par Brice Oligui Nguema

par | Juin 2, 2024 | Politique | 0 commentaires

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Pour la dernière étape de sa visite de cinq jours en France, le président de la transition gabonaise, Brice Oligui Nguema, se rend ce dimanche 2 juin à Airaines, en Picardie, au nord de Paris. Il participera à une cérémonie d’hommage au capitaine Charles N’Tchoréré, un officier gabonais de l’armée française, assassiné par les nazis le 7 juin 1940, pendant la Seconde Guerre mondiale. Hommage à Charles N’Tchoréré.

Charles N’Tchoréré, né à Libreville en 1896, s’engage comme combattant volontaire lors de la Première Guerre mondiale. Dans les années 1920, il sert au Maroc et en Syrie, où il est blessé. Devenu officier, il commande une compagnie de tirailleurs à Kati au Mali, puis un régiment à Saint-Louis au Sénégal.

Il y dirige également l’école des enfants de troupe, devenant le premier Africain à occuper cette fonction. Le prestigieux prytanée de Saint-Louis porte encore aujourd’hui son nom, témoignant d’une mémoire partagée entre la France, le Sénégal et le Gabon, comme le souligne son biographe, l’universitaire gabonais Flavien Enongoué.

Capitaine au début de la Seconde Guerre mondiale, Charles N’Tchoréré demande à partir au front avec un bataillon de volontaires gabonais. À la tête du 53e régiment d’infanterie coloniale mixte sénégalais (RICMS), il défend Airaines pendant trois jours, du 5 au 7 juin 1940. À court de munitions, il se rend aux Allemands, qui lui refusent le droit de rester avec les autres officiers français en raison de sa couleur de peau. Il est tué d’une balle dans la tête et son corps est écrasé par un char. Une stèle est érigée en son honneur au cimetière d’Airaines en 1953.

Pour Flavien Enongoué, ancien ambassadeur du Gabon en France et coordinateur de la biographie « Charles N’Tchoréré – Le passé d’un avenir » (2022, éditions Descartes & Cie), cette visite permet de réapproprier la figure de Charles N’Tchoréré, un « héros français » qui s’est battu pour la France, mais surtout pour des valeurs universelles. « Lorsque la liberté et la justice sont menacées quelque part, on s’engage pour l’ensemble de l’humanité. Le fait qu’il soit d’origine gabonaise est suffisant pour que nous puissions nous approprier [s]a mémoire », estime-t-il.

Brice Oligui Nguema est le premier dirigeant gabonais à se rendre à Airaines depuis Léon Mba dans les années 1960. En février 2024, la municipalité d’Airaines a signé un partenariat avec Libreville, promettant des échanges culturels et mémoriels. Cette cérémonie est donc non seulement un hommage à un héros oublié, mais aussi un symbole de l’amitié renouvelée entre la France et le Gabon, et de la reconnaissance des sacrifices de ceux qui ont lutté pour des valeurs universelles au-delà des frontières.

Un Héros Inoubliable : L’Héritage de Charles N’Tchoréré

La commémoration de ce jour à Airaines revêt une importance particulière pour les relations entre la France et le Gabon. En honorant Charles N’Tchoréré, on rappelle non seulement son sacrifice ultime, mais aussi le rôle crucial que les soldats africains ont joué dans les conflits mondiaux, souvent au péril de leur vie et malgré les discriminations.

Le parcours de Charles N’Tchoréré est exemplaire. Né à Libreville en 1896, il rejoint l’armée française en tant que combattant volontaire durant la Première Guerre mondiale. Après la guerre, il poursuit son engagement militaire en servant au Maroc et en Syrie, où il est blessé. Son ascension continue dans les années 1920 lorsqu’il devient officier, commandant une compagnie de tirailleurs à Kati au Mali. Sa carrière le conduit ensuite à Saint-Louis au Sénégal, où il prend la tête d’un régiment et dirige l’école des enfants de troupe, marquant l’histoire en étant le premier Africain à occuper cette fonction.

Le prytanée militaire de Saint-Louis, qui porte son nom, reste un symbole de son héritage durable. Cette école prestigieuse, qui forme des cadres militaires, continue de célébrer la mémoire de N’Tchoréré, témoignant de l’impact profond qu’il a eu sur les générations suivantes en Afrique et en France.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, Charles N’Tchoréré montre une fois de plus son dévouement et son courage en demandant à rejoindre le front avec un bataillon de volontaires gabonais. À la tête du 53e régiment d’infanterie coloniale mixte sénégalais, il défend Airaines contre l’avancée allemande. Après trois jours de combats acharnés, il est fait prisonnier. Refusant de se séparer des autres officiers français à cause de sa couleur de peau, il est exécuté d’une balle dans la tête et son corps est profané par un char ennemi. Une stèle érigée en 1953 au cimetière d’Airaines perpétue son souvenir.

La visite de Brice Oligui Nguema à Airaines marque un moment de réflexion et de reconnaissance. En rendant hommage à Charles N’Tchoréré, le président gabonais souligne l’importance de se rappeler les héros qui ont défendu des valeurs universelles de liberté et de justice. Selon Flavien Enongoué, cette commémoration est une réappropriation nécessaire de l’héritage de N’Tchoréré, non seulement en tant que héros français mais aussi en tant que symbole de la lutte pour l’humanité.

Ce partenariat entre Airaines et Libreville, signé en février 2024, promet d’enrichir les échanges culturels et mémoriels entre les deux nations. Il offre une opportunité de mieux faire connaître l’histoire partagée et de renforcer les liens entre la France et le Gabon. Cette cérémonie est donc un témoignage poignant de l’importance de la mémoire historique dans la consolidation des relations internationales et dans la promotion des valeurs humaines universelles.

L’hommage à Charles N’Tchoréré est un rappel vibrant de l’héritage laissé par ceux qui se sont battus pour des idéaux transcendant les frontières et les différences. Il est également une invitation à honorer ces sacrifices en continuant de défendre ces valeurs dans le monde d’aujourd’hui.

Source : Gablibre/RFI

 


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