Une Mobilisation Critiquée
Le lundi 3 juin 2024, une foule importante s’est rassemblée à l’aéroport international Léon Mba de Libreville pour accueillir le général Brice Clotaire Oligui Nguema, de retour d’un séjour de cinq jours à Paris. Cette mobilisation, initiée par des associations récemment créées, dont certaines sont dirigées par des proches du président de la Transition ou d’anciens soutiens d’Ali Bongo, a suscité de vives critiques. Beaucoup espéraient que de telles pratiques disparaîtraient avec la restauration des valeurs prônée par le nouveau régime. Le Retour des Vieilles Habitudes.
Une Rétractation Tardive
En octobre 2023, le porte-parole du palais présidentiel avait lui-même invité la population à accueillir le président de la Transition à son retour de Brazzaville. Face aux critiques, cette invitation a été annulée à la dernière minute. Ce recul était perçu comme un signe de respect des attentes populaires de changement après le coup d’État du 30 août 2023, qui avait renversé Ali Bongo. Cependant, l’épisode de ce lundi montre que les vieilles habitudes politiques ont la vie dure.
Un Retour Triomphal ?
Le retour du général Oligui Nguema de Paris a été présenté comme triomphal par certains, justifiant une mobilisation populaire en raison des accords et promesses d’investissement obtenus lors de son séjour. Cependant, cette démonstration de soutien n’était pas indispensable et rappelle les pratiques de culte de la personnalité auxquelles les Gabonais sont habitués depuis des décennies.
Une Politique qui Persiste
Le palais présidentiel n’a pas initié la mobilisation de lundi, mais ne l’a pas interdite non plus. Pire encore, des cadres et agents publics ont participé à cet événement durant les heures de travail, avec l’ouverture exceptionnelle de la voie de contournement de l’aéroport, dont les travaux sont en cours depuis plusieurs mois.
Les Nouveaux Acteurs de l’Ancien Système
Parmi les personnalités présentes aux côtés du général Oligui Nguema, on a remarqué plusieurs responsables d’associations récemment créées, dont le président d’Ossimane, qui a clairement affiché son ambition de mobiliser les populations du Woleu-Ntem en vue de l’élection présidentielle de 2025. Ce soutien rappelle étrangement les stratégies de mobilisation populaire sous le régime d’Ali Bongo.
Une Continuité dans le Changement
Sept mois après le coup d’État, il est évident que les attentes de changement radical ne sont pas totalement satisfaites. Les pratiques de culte de la personnalité et les mobilisations orchestrées semblent perdurer, entretenues par ceux qui bénéficiaient de l’ancien régime. Les Gabonais espéraient une rupture nette avec ces méthodes, mais il semble que le chemin vers la restauration des valeurs soit encore long et semé d’embûches.
Conclusion
La mobilisation observée à l’aéroport de Libreville met en lumière la persistance des anciennes pratiques politiques malgré les promesses de changement. Alors que le général Oligui Nguema se prépare probablement pour l’élection présidentielle de 2025, il est crucial que les nouvelles autorités montrent un réel engagement à rompre avec les méthodes du passé et à instaurer une véritable restauration des valeurs au Gabon.
Les Réactions de la Population et de la Société Civile
Face à cette situation, les réactions de la population et de la société civile sont mitigées. D’un côté, certains Gabonais expriment leur frustration et leur déception devant ce qu’ils perçoivent comme une continuité des vieilles pratiques. Ils espéraient un véritable changement après la chute d’Ali Bongo, et se sentent trahis par le maintien de ces méthodes de mobilisation politique.
D’un autre côté, certains défenseurs du régime actuel tentent de justifier cette mobilisation en arguant de l’importance des accords obtenus à Paris. Ils estiment que le soutien populaire est nécessaire pour montrer l’unité nationale et encourager les investisseurs étrangers à concrétiser leurs promesses.
Les Risques d’une Érosion de la Confiance
La persistance des vieilles habitudes politiques risque d’éroder la confiance de la population dans le régime de transition. Si les attentes de changement ne sont pas satisfaites, le risque est grand de voir se développer une désillusion généralisée. Cela pourrait conduire à une instabilité politique et à une remise en question de la légitimité des autorités en place.
Les Enjeux de la Transition
Le régime de transition se trouve à un carrefour crucial. Pour réussir, il doit démontrer son engagement envers les valeurs de transparence, d’intégrité et de respect des aspirations populaires. La gestion des symboles et des pratiques politiques joue un rôle déterminant dans cette perception. Une rupture claire avec les méthodes du passé serait un signal fort envoyé à la population et à la communauté internationale.
Les Perspectives pour l’Élection Présidentielle de 2025
L’élection présidentielle de 2025 constitue un enjeu majeur pour l’avenir du Gabon. La candidature probable du général Oligui Nguema soulève des questions sur la véritable nature du changement promis. Pour éviter de retomber dans les travers du passé, il est crucial que le processus électoral soit transparent et inclusif, permettant à toutes les voix de s’exprimer.
Les associations et les organisations de la société civile auront un rôle essentiel à jouer dans ce contexte. Elles doivent continuer à surveiller les actions du régime, à dénoncer les dérives et à promouvoir des pratiques politiques saines. Leur implication sera déterminante pour garantir un avenir démocratique au Gabon.
La Nécessité d’un Dialogue Inclusif
Pour surmonter les défis actuels, un dialogue inclusif entre les autorités, la société civile et les citoyens est indispensable. Ce dialogue doit viser à définir les priorités du pays et à établir un consensus sur les réformes nécessaires. Seule une démarche collective et participative permettra de bâtir un avenir stable et prospère pour le Gabon.
Conclusion
La mobilisation à l’aéroport de Libreville illustre la difficulté de rompre avec les pratiques du passé. Alors que le régime de transition cherche à s’affirmer, il doit veiller à ne pas reproduire les erreurs de ses prédécesseurs. La confiance de la population et la crédibilité du processus de transition en dépendent. Pour réussir, le Gabon doit s’engager résolument sur la voie de la restauration des valeurs, de la transparence et de la participation citoyenne.
Source : Gablibre / Gabonreview
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